Affiche du film La fille à la valise de Valério Zurlini

Affiche du film La fille à la valise de Valério Zurlini

 

Le film sort le 9 juin 2021, ou plutôt elle vient nous emmener en voyage avec elle : LA FILLE A LA VALISE, film de Valerio Zurlini ressort sur les écrans, accompagnant de façon solaire la réouverture des salles de cinéma.

UN FILM QUI TRANSCENDE LES EPOQUES

Ce film est un classique de l’âge d’or du cinéma italien qui n’a pas pris une ride. Il est même d’une grande modernité et transcende les époques. Oui la solitude, l’amour, l’espoir sont des sentiments éternels qui parleront à tous les publics.

Pour les plus cinéphiles, ils découvriront avec intérêt Jacques Perrin jeune. Cet acteur, qu’on ne présente plus (eh oui c’est lui le Prince charmant dans Peau d’âne, le marin dans Les demoiselles de Rochefort mais aussi le génial réalisateur du Peuple Migrateur). Dans le rôle de Lorenzo, il signe ici sa première collaboration avec le réalisateur Valerio Zurlini dont il deviendra l’acteur fétiche.

UN PORTRAIT DE FEMME FATALE SUBISSANT LA FATALITE

Face à lui Claudia Cardinale, actrice mythique (Le Guépard entre autres films incroyables s’il vous plait), irradiante de sensualité et dans un rôle qu’on pourrait qualifier d’ingrat : Aïda, fille-mère, a suivi son amant Marcello, qui lui a promis de lui trouver du travail en tant que danseuse et qui l’a plaquée sans ménagement. Pas aussi potiche qu’elle en a l’air, elle fini par retrouver la trace de l’indélicat. Ce dernier, Dom Juan de province tendance faux cul bien lâche, charge son jeune frère Lorenzo (interprété par le beau Jacques Perrin donc) d’éloigner Aïda.

Mais voilà : Lorenzo a bon cœur et il est touché par la détresse d’Aïda. Très vite amoureux (on comprend que c’est la première fois pour lui) il est prêt à tout pour réparer les torts de son frère et se faire aimer d’Aïda…Las…La jeune femme a le cuir plus dur que lui à cause d’expériences malheureuses et son cœur est endurci.

Jacques Perrin et Claudia Cardinale dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini, copyright Les films du Camélia

Entre trahisons, désillusions, faux espoirs, besoins d’argent dans une société où être une fille-mère est considéré comme un déshonneur et impossibilité de revenir à la pureté originelle, l’histoire d’amour qui nous est donnée à voir est une fable triste où on se prend à espérer que le bien va triompher en sachant bien que… Une tragédie en quelque sorte. Peut-on échapper à son destin ? L’amour est-il vraiment plus fort que tout ? Pour tout le monde ? pour toutes les situations ?

Aïda et Lorenzo ressemblent à des héros de tragédie grecque qui luttent tout en sachant qu’ils ne peuvent échapper à leurs destins.

L’INSTINCT DE SURVIE VS L’IDEAL

La Fille à la valise n’est pas une rom com hollywoodienne. Ce n'est pas non plus un mélo. Ce film nous fait réfléchir et ressentir l’ambivalence de l’amour, de la vie, des gens. Et c’est ce qui fait son charme. Malheureusement très réaliste, ce drame, qui ne laissera pas le spectateur indifférent, nous fait réfléchir sur la perte de l’innocence, des illusions et sur la nécessité de continuer quand même à vivre malgré tout, porté par un instinct de survie davantage que par une résilience.

Vision déchantée de l’amour et de l’humanité, vous me direz qu’il y a peut-être plus joyeux à voir au cinéma au mois de juin. Mais voir ce film en plus de l’ineffable nostalgie qu’il distille est une bonne catharsis : qui n’a pas vécu les tourments de Lorenzo, été trahi, blessé par la personne aimée ? Mais qui n’a pas aussi, comme Aïda, vécu l’indécision, oscillé entre le bien et le mal, entre ce qu’on doit faire et le désir de réaliser ses rêves, qui n’a pas été contraint de s’adapter, de lutter et de renoncer ? Pourtant on continue de vivre, blessés mais debouts.

UNE VERITABLE EMPATHIE POUR LES PERSONNAGES

Le réalisateur réussit à créer de l’empathie entre le spectateur et les personnages. Le film nous absorbe, nous voulons savoir comment tout cela va finir et pourquoi.

Claudia Cardinale interprète la danseuse Aïda qui lutte pour survivre dans la Fille à la Valise, copyright Les films du Camélia

Le tour de force de Valerio Zurlini c’est que les méchants ne sont pas des méchants au fond, juste des faible sou des égoïstes ou des gens qui n'ont pas le choix, que les gentils ne sont pas seulement gentils, le pur Lorenzo  a plusieurs facettes tout comme Aïda, il n’y a pas de manichéisme. Les situations sont complexes, pourrait-il en être autrement quand on parle d'amour, d'émotions, de respecter sa parole ou pas, de suivre ses valeurs, son cœur ou sa raison ou ses pulsions ?

 

UNE IMAGE RESTAUREE

Enfin, l’image restaurée en 4K est d’une grande qualité et beauté. Elle a été restaurée par la Fondation Cineteca di Bologna et les Films du Camélia. Elle donne envie de plonger dans l'écran, envie de partir découvrir cette Italie du début des années 60, de suivre cette fille à la valise, loin de la Dolce Vita sans doute, mais au cœur de l’amour, de la vie, sous le soleil de l’Italie, au temps des premières amours et des premières larmes. Une tranche de vie d’une grande profondeur et sincérité.

Pour en savoir plus je vous invite à lire l'excellent article d'Olivier Père sur le site des Films du Camélia

La Fille à la valise, 1961, 2H01, en salles le 9 juin 2021.

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